Assemblée de l’UMOFC 2018 : Haute en couleurs !
Du 15 au 22 octobre dernier, une délégation de notre Mouvement s’est rendue au à Dakar (Sénégal) pour y vivre l’Assemblée générale (AG) de l’Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC). Organisée pour la première fois en terre africaine, l’Assemblée a été un moment fort et haut en couleurs pour qui n’a jamais voyagé sur le continent « noir » ! Des déléguées venues de plus de 70 pays se sont réunies pour mettre au point le cadre de travail, fixer les priorités de leur action et élire de nouvelles responsables pour les 4 ans à venir. Petit retour sur un voyage inoubliable.

Accompagné de Christine et Marie-Hélène, du Comité romand – qui voyageaient pour la première fois en Afrique – et de mon épouse Colette, nous avons vécu ensemble de joyeux moments en compagnie de nos « sœurs » catholiques des cinq continents. Au sortir de l’avion, à notre arrivée à Dakar, une bonne bouffée d’air humide nous accueille : nous y voici ! Dès le lendemain, journée d’ouverture : on nous emmène (env. 500 pers.) à la cathédrale de Dakar où le cardinal émérite Théodore-Adrien Sarr, régional de l’étape, doit célébrer la messe d’ouverture. Il faudra près de 3h pour que les 17 bus daignent quitter l’hôtel et plus de 2h encore pour parvenir au centre ville bruyant, fumant et encombré de Dakar. Après la célébration, tous embarquent à nouveau pour le grand théâtre où la cérémonie d’ouverture doit avoir lieu : elle est présidée par M. Macky Sall, chef de l’État adulé, accompagné du cardinal, de Mme Maria-Giovanna Ruggieri, présidente de l’UMOFC et de toute une brochettes d’invités ecclésiaux (le nonce apostolique p. ex.) et politiques, tous aussi honorables qu’honorés !
Avec leurs robes et coiffures multicolores, par leurs chants stridents et leurs danses rocambolesques, les délégations des organisations africaines font sensations et suscitent une joie communicative. Divers discours s’enchaînent, des bravos, des accolades, des mercis, la promesse du président de soutenir les organisations féminines à qui mieux mieux et tout ce joyeux monde s’ébranle à nouveau pour rejoindre les bus. Personne ne sait où l’on va manger lorsque, tout à coup, une petite délégation remonte dans un des bus avec des plateaux repas ! Ah, on mange ! Tout le monde débarque pour décrocher le fameux sésame ! Dans une désorganisation complète, chacun parvient finalement à obtenir à manger et l’on repart !
Cette première matinée harassante est complétée, à notre arrivée dans la grande salle Téranga (« hospitalité » en wolof) de l’hôtel, par une noble cacophonie qui ne finit que lorsque toutes les participantes ont trouvé un siège et un casque leur permettant d’obtenir une traduction des propos tenus dans une des langues agrées de l’UMOFC (anglais, français et espagnol). Tout à coup, tout s’éteint : une coupure de courant ! Plus de lumière, plus de traduction : la cacophonie reprend de plus belle. Chacun se dit que si toutes les journées se passent dans un tel chaos, l’Assemblée sera intenable ! Il n’en sera pas ainsi ! Les techniciens et organisateurs gardent confiance et trouvent des solutions. Avec le premier « round » de conférence, la journée s’achève paisiblement autour du repas pris dans l’immense et impeccable restaurant de l’hôtel… Il y eut un soir, il y eut un matin, ce fut le premier jour.
Les deux premières journées sont consacrées à l’étude du thème retenu : « Femmes de l’UMOFC porteuses d’« eau vive » au monde assoiffé de justice et de paix ». Des conférencières venues des quatre coins du monde, présentant de remarquables pédigrées, s’expriment tour à tour et éclairent sous divers angles ce thème tiré de la parabole du bon samaritain (Lc 4,3-30). Les conférences sont à chaque fois jalonnées d’échanges par groupes linguistiques où chacun peut apporter son éclairage, présenter sa pratique, critiquer un aspect de l’apport ou exhorter ses consœurs. A chaque fois, Colette ne manque pas de tancer ses consœurs au sujet de la gestion des déchets et de l’incapacité de certaines à lâcher le pouvoir pour le laisser aux jeunes !
Suivent trois journées d’assemblée statutaire où
on débat, l’on amende et l’on vote les résolutions pour le prochain mandat. Ces résolutions sont des lignes de conduite issues des propositions des divers assemblées régionales et qui constitueront les objectifs de l’UMOFC.
on élit les membres du Conseil et le présidium.
les assistants ecclésiastiques se réunissent eux aussi autour de l’aumônier général pour échanger au sujet des défis et enjeux de leur ministère au sein des organisations.
Autre première : cette année un groupe de jeunes venus eux aussi des cinq continents a été formé par le Conseil de l’UMOFC. Ce sont des jeunes femmes qui ont préparé leur participation à l’AG par l’entremise de la vidéo-conférence. Elles se retrouvent ici pour discuter avec leurs aînées. C’est une manière pour l’UMOFC de préparer la relève !
Les trois journées statutaires se terminent le samedi soir avec le vote de quatre résolutions et avec l’élection d’une nouvelle présidente générale. Maria Giovanna Ruggieri, après 8 ans de travail, laisse la place à Mme Maria Lia Zervinio, d’origine argentine (comme le pape !) et actuelle secrétaire générale pour un nouveau mandat de 4 ans.
N’étant pas membre de plein droit, nous avions prévu prendre le large durant les journées statutaires pour nous permettre de visiter un peu mieux et d’un peu plus près cette terre sénégalaise. Avec l’aide de notre chauffeur Mohamed Nicolas Diouf, les quatre amis ont pu faire l’expérience des joies et des misères de la vie quotidienne des sénégalais. Loin des hôtels des luxe de la « petite côte », les autochtones vivent très chichement, voire misérablement, et subissent les moindres contre-coups économiques. Ils gagnent quelques centaines de francs par mois, mais ils vivent souvent en communauté et partagent tout comme nous explique des autochtones rencontrés au marché local. L’augmentation du tourisme ces vingt dernières années à contribuer à créer de nombreux emplois… Pas tous bien payés ! « Tu vois, toutes ces terres où sont bâtis les hôtels de la côtes, ils appartenaient à nos grands-parents. Les européens ont tout acheté ! », lance Babacar un jeune homme natif du lieu.
Partout, les rues sont sales, jonchées de déchets plastiques. Par endroit, les odeurs de pourriture recouvrent celles des véhicules diesel : pas beau à voir. « ça fait mal au cœur » lance Marie-Hélène. Les maisons en tôle ou en bric-à-brac abritent souvent de nombreuses personnes. Il n’est pas rare de voir des familles avec 5 ou 6 enfants. Chacun se demande à quoi l’Afrique pourrait ressembler dans 50 ans à ce rythme là et avec cette désorganisation...
Le dimanche matin, la tension est à la baisse ! Tout est accompli. Il ne reste plus qu’à rendre grâce. L’eucharistie est prévue à Popenguine, le « Lourdes des Sénégalais », un sanctuaire marial national à 60 km au sud de Dakar sur la côte. Les immenses travées sont peuplées de milliers de « mamans » sénégalaises, membres de l’Union des associations nationales de femmes catholiques. Elles acclament l’arrivée des congressistes en chantant à tue-tête et en agitant leur foulard jaune ou bleu. C’est dans une chaleur suffocante (plus de 35°C) dans les chants et la fête, et après de multiples remerciements et discours, que l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, clôt cette Assemblée générale, vraiment haute en couleur !